mardi 19 octobre 2010

Charles Fréger à Deauville

Escapade solitaire en Normandie.  Je prends mon appareil photo, des bottes en caoutchouc, et saute dans le train.

Trouville m'accueille.  Je suis surpris.  L'endroit est désert, ou presque.

Le premier jour, je marche sur la plage sous le ciel gris.  Le soir, je vais me perdre dans les rues.  Je traverse un pont et me retrouve à Deauville.
Dans les rues, des affiches publicitaires attirent mon attention: il y a une festival de photographie en même temps que je visite la région.  Super!
Retour sur ma première visite d'une expo photo qui servira au cours de Chantal!

L'espace est magnifique: il borde la mer, dans un complexe relativement neuf, qui célèbre la coquette mondanité de Deauville.  Le centre culturel (?) accueille Charles Fréger, qui expose deux séries, alors que, dans l'autre salle, une exposition d'étudiants est en cours d'accrochage.  Le vernissage aura lieu le jour de mon départ.

Fréger travaille formellement, il est intéressé par les habits, les formalités, les rituels.  Le Club 2010 présente une série sur les jockeys, et une sur une fanfare.  Dans les deux cas, l'uniforme, la prestance, la coutume, et la tradition sont des éléments essentiels à la pratique.  Deauville est une ville où l'on joue et où des concours équestres d'envergure sont organisés chaque année.  Intéressant, donc, de voir des images de jeunes jockeys dans un espace où l'on se complet dans cet univers du bcbg.


Les personnages, tantôt prostrés devant leurs montures, tantôt en action sur des chevaux mécaniques, sont rigidement solennels,  tirés à quatre épingles.  Les sentiments de rituel et d'élitisme sont marqués: les costumes sont luisants, le flash franc et la mise au point précise y contribuent, les visages sérieux, les chevaux dociles et les décors impeccables.  Je sens un certain cynisme dans l'approche de Fréger, mais force m'est d'admettre que je me sens étranger à la pratique illustrée, et que, peut-être, j'y vois quelque chose de grotesque bien que traditionnel.  La série est une commande de la ville de Deauville: elle illustre la tradition, la réalité, l'identité de cette destination normande.

La deuxième série, celle qui porte sur la Fanfare de l'Île Wight, est tout aussi révélatrice d'un folklore protocolaire revêtant des habits traditionnels.  Les portraits sont plus serrés.  Présentés en trois quarts, les personnages sont solennels, eux aussi, mais ils semble dé-personnifiés, alors que les jockeys peut-être plus jeunes, semblaient camoufler momentanément leur personnalité afin de présenter leur image publique.  Les musiciens me laissent sans voix, je me sens inconfortable et admiratif à la fois.  Dommage, aucune photo disponible dans Internet pour exemplifier cet étrange état dans lequel je me trouve...

L'oeuvre de Fréger est impressionnante et constante dans sa théorie, plusieurs publications sont disponibles.  Je retiens, entre autre, celle sur les patineuses artistiques, qui était disponible au Club 2010.  Voir la série Steps sur le site de l'artiste.

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Les jockeys & la Fanfare de l'Île Wight
Charles Fréger
pour Planche(s) contact
Le Club 2010 de Deauville
07.10.2010@30.11.2010