dimanche 2 janvier 2011

Who's Rock? - après HotOrNot, RockOrNot (Paris city!)

Je vous le dit tout de suite, je me sens bitch pour cette critique-ci!
On est tous, à un certain point, voyeur et amateur des people.

La photographe Gaëlle Ghesquière, elle, like en masse les people qui passent à Paris.

La petite expo de la nouvelle Galerie Binôme est charmante, mais pas transcendante.

Une quinzaine d'images de Mick, Madge, Bowie (qui ressemble à France Castel dans un kit signé Anne de Shalla), Tina et ses cuisses ou encore Bono dans un suit de lutin-tout-nu est disposée autour de la galerie.

La série est un récapitulatif des quelques huit dernières années de la carrière de la photographe qui prend le temps de photographier les artistes alors qu'ils donnent tout ce qu'ils ont d'eux-mêmes en show sur les planches parisiennes, tout ça au lieu de bouncer comme tout le monde. Ce qui me surprend dans l'exposition, c'est la maigre sélection qui a été faite à partir du travail entier de la photographe: Who's Rock, c'est le titre du livre publié aux éditions Albin Michel/Canal +, et qui compte cinq cent images de gens cool. Alors pourquoi moins d'une vingtaines d'images montées sur plexi dans la galerie? Ça diminue l'impact, "amateurise" le processus, terni le magique des vedettes...

C'est une démarche qu'on a vu, revu et re-revu: ça me saoule!

Chose certaine, Ghesquière a fait un bon move en s'associant à Binôme parce qu'une des galeriste, Valérie Cazin, est cute à mort, attentionnée et professionnelle à souhait. Lors de ma visite, son portable a sonné et, bien qu'on n'était pas en train d'avoir de conversation, elle a poliment demandé à son interlocuteur si elle pouvait le rappeler. Sweet! Elle m'a demandé comment j'avais entendu parler de la galerie, jeune jeune dans sa réouverture, et, plus important, si je connaissais le contenu de l'expo. Non que je réponds. Elle entreprend de me guider délicatement dans la mission de l'expo. Je tombe sous le charme.

Gaëlle: 0

Valérie: 1.

À suivre...

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Who's Rock?
Gaëlle Ghesquière
Galerie Binôme
18.11.2010@31.12.2010

lundi 27 décembre 2010

JEU DE PAUME présente André Kertész en rétro

Il crée avec le désir de traduire son émotivité et non pour montrer.

La rétrospective qu’a faite le Jeu de paume des quelques soixante-dix ans de pratique photographique de Kertész est hallucinante.

L'expo est (sur)chargée, le public varié, les spectateurs (Maxime et moi) conquis et épuisés.

Une amie m'avait grossièrement résumé son expérience en disant: "ya que des très petites photos, ça m'a saoulée."

Pour ma part, l'expérience a été transcendante: l'objet photographique se manifeste entièrement. La première portion de l'exposition présente des contacts de 10x15cm, photographiés avec le Georz Anschütz Ango qu'utilisait l'artiste au début de sa carrière. Incursion dans ce qui était un Budapest quotidien touchant, les vitrines sur le banal sont chargées de familles, de folklore, de beauté. Puis, le parcours obligé d'André Kertézs le mène vers la photographie dans l'armée, à Paris, puis à NYC.

Formellement, plusieurs récurrences dans le travail touchant du photographe ont retenu mon attention: entre autre, les photographies de nuit, dramatiques, émouvantes, presque théâtrales. J'ai été frappé par Budapest, 1914, qui propose une vision plutôt lugubre de la nuit, mais la sensibilité avec laquelle Kertész montre les textures de ce tableau (pavé, ciel, ciment...) m'apaise plus qu'elle ne m'angoisse. Square Jolivet, Paris, 1927, toute aussi imposante dans sa dramaturgie, propose une vision privilégiée d'un état particulier qui règne sur un lieu presque magique.

L'exposition, disposée sur deux étages, revisite les différentes approches de Kertész: commandes de magazines, publicités, carnets de voyage, série de polaroïdes, produite en 1977, avec le premier SX-70 qu'il a acheté. Seuls tirages en couleur de l'exposition, cette série intitulée From My Window, est celle qui m'a (de très loin) le plus touché. À la disparition de sa femme Élisabeth, en 1977, Kertész continue de créer, mais son regard, teinté par l'émotivité légendaire motrice de sa création, est changé. Il réalise la série en y mettant au centre une sculpture de verre représentant deux têtes. Il écrit, au sujet de cette série, qu'il aime voir Élisabeth en ces formes, qu'il l'entrevoit dans les édifices qui sont déformés par le verre. Cette série nostalgique m'a ému et j'ai du apprécié les couleurs telles qu'exprimées par Kertész. En y pensant bien, il est assez amusant de penser que ces cinquante-trois images couleur sont, en fait, des images où le photographe n'a pas techniquement manipulé lesdites couleurs.

La Martinique, 1er janvier 1972

Dernièrement, l'image intitulée La Martinique, 1er janvier 1972, un auto-portrait (?) plutôt lugubre de l'artiste, m'a aussi marqué par sa valeur de mise-en-scène qui, me semble-t-il, est très naturelle. Le commissaire souligne la période dépressive de la vie/carrière de l'artiste et l'illustre par diverses images créées à NYC entre 1936 et 1962. Cette période est intitulée Un nuage égaré, faisant référence à l'image Le nuage égaré, NYC, 1937, et se veut dénonciateur de son état d'immigrant européen en terres américaines où la vie d'artiste était difficile et torturante.

J'ai adoré l'exposition dans son aspect de rétrospective de l'oeuvre de Kertész. Il s'agit d'une parcours dont j'avais bien besoin pour ma culture générale. Cependant, un détail m'a dérangé. Maxime l'a souligné: il semble qu'à aucun moment La France n'est prête à accepter/mentionner que l'artiste juif qu'a été Kertész (et sa femme Élisabeth Sali [originellement Salomon]) a "fui" l'europe en octobre 1963 pour des raisons politiques évidentes. Dans le texte de présentation du commissaire, il est écrit:

«
Le départ d'André Kertész pour NYC en octobre 1936 est motivé par un contrat de l'agence Keystone (qui sera rompue très rapidement). Ses réticences à l'égard de la photographie de mode, le rejet de ses reportages qui "parlent trop" selon les responsables de Life, l'incompréhension que suscite ses Distorsions mènent lentement Kertész à la dépression. La guerre et la limitation de liberté d'un photographe "étranger" ne font qu'ajouter aux difficultés.
»
Alors le résultat cette expo a été plus que spirituelle et sensitive, il a été politique. j’ai pris conscience de la réalité de milliers d’artistes européens du XXe siècles qui ont été victimes de l’holocauste et qui sont, hypocritement, décrits comme des expatriés professionnels plus que des victimes de racisme…


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André Kertézs @ Jeu de Paume
28.09.2010@06.02.2011

dimanche 19 décembre 2010

Un jour chez agnès b. 1.3. Nicolas Dhervillers

Les séries Tourists #1 et Tourists#2 de Nicolas Dhervillers sont séduisantes et accrocheuses.  Mais pourquoi?

Elles présentent des tableaux impressionnants par leur grandeur et attirant par leur éclairage.  Un personnage s'épand dans un environnement mystérieux.  Le résultat est dynamique et l'oeil s'arrête automatiquement sur le protagoniste qui est souligné par la lumière.

Alors on s'approche.

Et là, on comprend comment ça s'opère.  L'image est traitée en post-production.  L'image est sur-traitée en post-production.  Les détails de l'impression décrivent la photographie comme un c-print.  Le truquage existe pourtant bel et bien: de nos jours, il est possible de réaliser un c-print même à partir d'un fichier numérisé.  Résultat: on est parfois déçu.  En tout cas, moi je l'ai été en regardant les impressions de Dhervillers.

Les images sont, oui, séduisantes, parce qu'elles semblent composées avec soin dans leur éclairage.  Mais cette qualité de la photographie a été créée de toute pièce grâce à des procédés Photoshop.  Bravo Adobe!  Bravo Nicolas.  Tout autour du personnage a été dodgé ce qui laisse peu de détails dans les ténèbres.  En bonus, des pixels, des pixels, des pixels. 

Au delà de ma petit déception, j'apprécie la série dans son ensemble.  Les univers créés par le photographe sont intrigants, surréalistes et nous propose un voyage angoissant dans ce que pourrait être une balade touristique qui tourne au Pays des merveilles.

Mais je ne peux m'empêcher de m'imaginer ce que serait l'expo si elle nous présentait des images riches, savamment éclairées.

Il est le coup de coeur de la Galerie de jour, pas le mien.
Mais qu'à cela ne tienne, les séries sont intéressantes....
....dans leur genre!


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Tourists
Nicolas Dhervillers
Galerie du jour par agnès b.
13.11.2010@08.01.2011

vendredi 17 décembre 2010

Massimo Vitali prend toute la place chez agnès b.

Poesia 1, 2010

Les impressions sont géantes, surexposées, détaillées, impressionnantes.  La série portant sur les discos (discothèques momentanées prenant place sur les plages) et les plages est illustrée de façon variée dans la sélection qui a été faite par la Galerie du jour.

Vraisemblablement photographiées en grand format, les images de Vitali sont amusantes par leurs détails: tous les personnages présents dans les clichés vaquent à des occupations légitimes de bord de plage.  Certains décors, plus magiques que d'autres, font rêver.  D'autres, comme la presque plage de Coney Island, sont grotesques.  Les plaisanciers, regroupés par centaines, sont mouillés, couchés, affamés, huilés, sautant, éblouis par le soleil, intrigués par le voisin, dormant, brûlés, ou blancs.  Dans l'ensemble des images accrochées sur les murs de la galerie, une seule protagoniste fixe l'objectif.  En avant plan de Catania Solarium 2.1 #2807, 2007, une femme au maillot jaune et défraîchi soulève la tête, entrouvre un seul oeil (le gauche) et fixe le photographe, l'air d'annoncer son désaccord.  Tous les autres héros de ces tableaux estivaux sont affairés, et ignorent totalement le photographe qui profite de leur candeur.

L'image de Coney Island est particulièrement intéressante, composée en triptyque, la pièce prend un mur complet de la salle.  La richesse de l'impression est notable.  Oui, elle est surexposée dans les détails de l'eau, du sable, de la ligne d'horizon, et du ciel.  Mais les personnages, tous sans exception, sont calibrés à la perfection, ce qui permet au spectateur de s'attarder aux détails les plus anodins, et enregistrant chaque information potentiellement transmise par ceux-ci.  Il en est de même pour toutes les images présentes dans cette exposition.

J'aime à imaginer Vitali, arpentant les plages d'Italie et d'ailleurs, à la recherche du banal particulier des baigneurs.  Certains endroits choisis par l'artiste sont incroyables de paradoxes: des eaux d'un bleu inconnu des américains, avec des vestiges de constructions anciennes aux allures totalement italiennes.  Des côtes où les rochers ont été piétinés durant plusieurs siècles par des inconnus voilant se délecter des vagues qui s'y cognent.  Et des structures échafaudées, contemporaines, et surpeuplées, campées sur lesdites côtes.  Et des déchets en tout genre jonchant le sol, ou encore, des avions traversant le ciel.  La réalité frappante de ces décors place le spectateur dans un état semi-désolé, semi-admiratif.

Une seule image de nuit dans l'expo: Bloemendaal night 3 #845.  Éclairée au flash, cette image est encore une fois intéressante dans son exposition: les personnages en avant plan sont surexposés, et le décors est, par endroits, sous exposé.  Néanmoins, des détails se sont imprégnés dans la totalité de l'image.  L'ambiance est différente dans cette image: les personnages sont vêtus, l'énergie n'est pas la même non plus, l'on sent que cette image appartient à l'univers de la série Disco.  Les protagonistes interagissent différemment entre eux que ceux des plages.  On note aussi une certaine préoccupation du soi. Dans les paysages de jour, les personnages nonchalants, moites, s'abandonnent au soleil.  Dans le cligné de la nuit, ils sont habillés, conscients de leur position dans l'espace.  Dynamique différente.  Parallèle intéressant.  Le contraste, mis en évidence par les choix du commissaire, est intéressant.


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Massimo Vitali@Galerie du jour
13.11.2010@08.01.2011

jeudi 16 décembre 2010

Un jour chez agnès b. 1.2. Laura Picoli-Truffaut

La photographie numériquement accessible à tous a quelque chose de dérangeant pour moi.  L'accessibilité en question diminue, à mes yeux, la magie de ce médium qu'est la photographie.  Afin de protéger cet espace divin que représentait cette forme d'art, j'ai, longtemps, choisi de catégoriser le numérique comme un médium différent de l'argentique.  Force m'est d'admettre que, vraisemblablement, la photographie, qu'elle soit numérique ou non, c'est de la photographie.

Exemple concret:
La série de Laura Picoli-Truffaut présentée dans la galerie du jour de l'espace agnès b. est, au premiers abords, mignonne mais terriblement trafiquée.  Des flares, des changements dans les tons, des flous, du vignettage: tant d'éléments qui peuvent se produire, mais qui sont, en cette ère de la technologie numérique de pointe de Monsieur-Madame-Tout-Le-Monde, bien peu enclins à se manifester lors de la fabrication d'images.  Ceci étant, l'être sceptique que je suis est susceptible de se demander: combien de filtres automatiques Photoshop a-t-il gracieusement offerts à l'artiste?

Ensuite, je remballe ma mauvaise foi, et tente de considérer la série pour ce qu'elle est vraiment: la trace d'une démarche artistique qu'on voudra croire intègre et honnête.  Les thèmes sont clairement véhiculés par ses images qui semblent consciencieusement construites: l'enfance, l'innocence, le fabuleux et, paradoxalement, la violence, l'urbanité de cette enfance, et, peut-être, un certain ethnocentrisme (vais-je trop loin?).

La série propose un peu moins de trente images, variant entre le 50x60cm et le 20x20cm.  Les impressions sont joliment réalisées, si l'on accepte de se laisser charmer par ces images (fortement?) traitées en post-production.

Une portion de l'exposition m'a particulièrement rejoint: une composition presque narrative de six images juxtaposées.  Le tableau est plutôt noir: des enfants manifestant une violence tantôt implicite et tantôt assez flagrante (la présence de ak47 ne ment pas).  Les enfants sont quelconques, ils sont l'enfance plus que des personnages auxquels ont tentera de (re)construire une vie imaginée.  Les actions sont plutôt statiques: l'un d'eux gît, paisible, dans l'herbe, aux côtés de son arme.  Un autre court sous la pluie, suivant une passerelle de lattes de bois vernies, elles-mêmes disposées sur l'herbe, ce qui porte à croire à une scène prenant place dans une cours intérieure, probablement domestique.  L'univers m'a envahit, sans que je tente de construire un plan cohérent reliant le destin et les tableaux: j'ai été témoin de ces scènes choquantes et romantiques.

À vingt-trois ans, Picoli-Truffaut n'a pas encore de publication à son actif, ainsi, il faudra se contenter de visiter l'exposition de la Galerie de jour pour profiter de cette narration, mais, si l'on se fit à son c.v., l'artiste devrait nous offrir des projets charmants dans les prochaines années à venir.
Sans titre

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Portraits d'enfants
Laura Picolli-Truffaut
Galerie du jour par agnès b.
15.11.2010 au 08.01.2011

jeudi 2 décembre 2010

Larry Clark envahit les esprits parisiens

Le Musées d’art Moderne de Paris présente Kiss The Past Hello du célèbre photographe et réalisateur américain, Larry Clark. J’ai entendu entre les branches que cette décision de mettre à la portée de tous le travail de l’artiste n’a pas fait l’unanimité : beaucoup de débats ont entouré cette initiative et la conclusion a amené une censure qui interdit au public mineur d’accéder à ladite exposition. Ce genre de prise de position serait-elle acceptée à Montréal? À Chicago? À New York? Le réalisateur de Kids aurait-il voulu créer un produit réservé aux plus de dix-huit ans? La question me place dans un état de doute.

J’ai eu l’opportunité de discuter de Larry Clark à plusieurs reprises au cours de mes cinq dernières années d’étude en photographie. Véritable icône de la culture américain, Clark a soulevé des débats musclés entre étudiants et professeurs de l’Université Concordia comme probablement partout ailleurs. Élément majeur dans ces débats : la question du choc. Est-ce volontaire? Est-ce nécessaire? Est-ce prioritaire? J’ai personnellement rassemblé Larry Clark dans un tiroir de mon esprit qui contient aussi Nan Goldin. Est-ce parce qu’ils ont surgit en même temps dans ma vie? Ou est-ce plutôt parce que ces deux artistes adultes ont côtoyé des êtres humains fragiles et désolés, qui ont recours à des échappatoires chimiques stigmatisés par la société occidentale moderne? Que leur relation d’adulte avec la jeunesse de même que leur relation de photographe les place dans une position de pouvoir particulière?

 Alors que je revisitais l’exposition, j’ai porté attention à ce que disait un guide du musée : « Clark parvient à s’intégrer complètement dans la réalité de ses sujets, à tel point que ces derniers l’oublient, littéralement. »

 Littéralement? Vraiment? J’ai quelques doutes. Oui, Clark se voit donné accès à des parcelles de vie particulièrement privées. Mais n’y a-t-il pas une part de performance dans l’attitude des sujets de Clark? Le fait même d’être observé ne génère-t-il pas un sentiment d’importance, de chaleur, d’attention? Je crois que les jeunes qui s’adonnent au sexe en compagnie de Clark dans la pièce acceptent la présence du photographe et ne pensent pas au fait qu’ils seront photographiés, mais il me semble peu probable que cette attention particulière et chère soit sans conséquences. Clark, à travers son objectif, nous présente un environnement auquel il contribue à la construction : non pas simplement en tant que témoin passif et observateur.

un des clichés de la grille

Les derniers travaux de Clark, je ne les avais pas vus. J’ai été spécialement touché par la grille en fond de deuxième salle.  Un shooting frénétique de quelques 120 images.  Des impressions 8x10po, une mise en scène glauque où une jeune homme d'une quinzaine d'années s'enlève la vie de diverses façons.  Les détails sont grossiers: du ketchup en guise de sang qui s'écoule des poignets, une corde autour du cou, une revolver, des cachets, et toujours, un coup d'oeil par la cuisse dans le caleçon du sujet.  On voit un testicule, ou le sexe du jeune homme, et comme les clichés sont répétés, on comprend que c'est calculé.  Les images figurent toutes dans la grille.  Comme si aucune sélection n'avait été faite dans l'entièreté des clichés des pellicules, les images se succèdent et rendent évidente la mise en scène.  J'ai du mal à articuler comment et pourquoi je suis touché par ce jeu de rôle morbide.  Je crois que c'est plus essentiellement que formellement que je me sens captivé.  La complicité entre le sujet et Clark est flagrante, et ça me charme.  Voilà.

J'aurai vu l'expo deux fois plutôt qu'une, et bien qu'elle ne soit pas grandiose, elle me restera longtemps en mémoire.


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Kiss the past hello
Larry Clark
Musée d'art moderne de la ville de Paris
09.10.2010@02.01.2011

Un jour chez agnès b. 1.1. Matthias Olmeta

L'espace de la galerie de jour d'agnès b. commence par présenter Les mystiques de l'immanence d'Olmeta. Sur le mur, quinze images disposées en grille de cinq par trois, la présence des images est flagrante : des portraits serrés de jeunes gens fixant le spectateur, qui est situé à peine au dessus du niveau des yeux de ceux des sujets. Les images sont en noir et blanc, riches, presqu'ambrées. Le regard des sujets est perçant, nouveau, pas innocent, mais quand même candide. Les impressions sont remarquables.

Après lecture, je comprends: ce sont des ambrotypes originales et intactes. Technologie rustique mais précise, lorsque bien exécutée, elle oblige à une attention et une minutie qui se raréfie avec l'accès au numérique. La surface est fragile, les manipulations doivent être faites avec beaucoup d'amour et de soucis: normal puisque les plaques auront été préparées à la main. Je ne connais qu'une seule artiste de ma génération qui ait travaillé avec ce procédé, en en réalisant toutes les étapes de fabrication: mon amie Zoë Lepiano a souffert, sacré, pleuré, presqu'abadonné, mais le résultat est frappant. C'est un processus demandant et qui vous le rend miraculeusement bien.

Les impressions se détaillent à 2500€, ce qui est plus que légitime vus le processus impliqué dans la démarche.

Les contrastes sont puissants, autant que le regard soutenu des êtres dépeints par les images. Bien que disposées dans un espace peu invitant, l'entrée même de la galerie où la porte s'ouvre dans le dos du visiteur (moi!), les photographies d'Olmeta sont pénétrantes au point qu'on en oublie l'environnement dans lequel elles sont accrochées. Ce qui est rare comme sentiment dans mon cas.

La visite m'a piqué la curiosité: je veux savoir qui est Matthias Olmeta, voir son oeuvre. Son site est présentement en construction, mais il est possible de se renseigner dans Internet.


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Les mystiques de l'immanence

Matthias Olmeta
Galerie du jour par agnès b.
15.11.2010 au 08.01.2011

mardi 23 novembre 2010

La mère des morts

L’après-midi est aussi froid que si j’étais à Montréal. Je ne suis pas déçu, seulement un peu surpris. Comme la soirée s’annonce assez chargée, je m’accorde du temps pour déambuler dans le marais. Et comme j’ai déjà relevé l’adresse de la galerie Thierry Marlat, pourquoi ne pas m’y arrêter? L’espace est joli, sobre, illuminé malgré le ciel gris.

L’on m’accueille sans grande cérémonie, monsieur travaille à son bureau. Tant mieux. La série d’images de Patrick Swirc est disposée dans l’entièreté de la galerie. Toutes les images sont au même niveau, mais la configuration de l’espace fait que quelques interruptions séparent les images qui sont parfois groupée par deux ou trois. Je ne suis pas familier avec le travail de Swirc. Vierge de préjugés donc, je parcours la galerie une première fois, puis une seconde. Quelque chose me touche dans ces images qui ont une allure un peu commerciale dans le choix des lumières, diffuses, softboxée mais pas hallucinantes. Le charme des mises en scènes me rejoint. La série La mère des morts puise son inspiration dans la théorie historique de la vie et la mort, la naissance et la souffrance, le rôle de la femme de l’érotisme et finalement du corps. Le photographe introduit sa série avec un texte où figurent des concepts littéraires empruntés à Hans Baldung Grien ou Baudelaire, ce qui contextualise le travail mais lasse place à l’interprétation personnelle.

Corps dans les herbes




Le double lit
Des corps de femmes, parfois nus, parfois masquées, posent dans une dynamique théâtre très lente. La série, composée de vingt-quatre images, est irrégulière dans ses mascarades : certaines images comme Corps dans herbes, ou encore Le Double Lit, sont très romantiques, très douces. Le corps inanimé mais tellement jeune des femmes représentées par l’artiste suggère l’au-delà évoqué par l’intention décrite de la série. Mais d’autre images, comme le Squelette, sont, à mon sens, moins efficace dans leur tentative de subtilité : plus directes, plus lourdes de signification directement citées de la peinture flamande, moins fines peut être.

Après quelques recherches, je découvre le travail commercial de l’artiste : tout s’explique. Photographe de mode –entre autres choses -, les séries de Swirc sont très soucieuses de la perfection du corps tout en préservant l’unicité de ses sujets. Cette pratique explique peut-être ce que j’ai ressenti être la valeur commerciale du travail effectué dans La mère des morts. Je tiens à spécifier que ça n’est pas ce qui me marque le plus du travail du photographe, seulement, j’y suis sensible quand on présente un travail de fine art qui s’avère fortement teinté d’automatisme commerciaux.

Les tirages sont riches, la recherche de l’ambiance générale de la série est peut-être accidentelle, peut-être fortement soutenue : quoi qu’il en soit, La mère des morts est série cohérente, formellement résolue, est certainement touchante.

Je retournerai voir l’exposition avant qu’elle ne soit démontée.


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La mère des morts
Patrick SWIRC
Galerie Thierry Marlat
14.11.2010 au 14.12.2010

mardi 19 octobre 2010

Charles Fréger à Deauville

Escapade solitaire en Normandie.  Je prends mon appareil photo, des bottes en caoutchouc, et saute dans le train.

Trouville m'accueille.  Je suis surpris.  L'endroit est désert, ou presque.

Le premier jour, je marche sur la plage sous le ciel gris.  Le soir, je vais me perdre dans les rues.  Je traverse un pont et me retrouve à Deauville.
Dans les rues, des affiches publicitaires attirent mon attention: il y a une festival de photographie en même temps que je visite la région.  Super!
Retour sur ma première visite d'une expo photo qui servira au cours de Chantal!

L'espace est magnifique: il borde la mer, dans un complexe relativement neuf, qui célèbre la coquette mondanité de Deauville.  Le centre culturel (?) accueille Charles Fréger, qui expose deux séries, alors que, dans l'autre salle, une exposition d'étudiants est en cours d'accrochage.  Le vernissage aura lieu le jour de mon départ.

Fréger travaille formellement, il est intéressé par les habits, les formalités, les rituels.  Le Club 2010 présente une série sur les jockeys, et une sur une fanfare.  Dans les deux cas, l'uniforme, la prestance, la coutume, et la tradition sont des éléments essentiels à la pratique.  Deauville est une ville où l'on joue et où des concours équestres d'envergure sont organisés chaque année.  Intéressant, donc, de voir des images de jeunes jockeys dans un espace où l'on se complet dans cet univers du bcbg.


Les personnages, tantôt prostrés devant leurs montures, tantôt en action sur des chevaux mécaniques, sont rigidement solennels,  tirés à quatre épingles.  Les sentiments de rituel et d'élitisme sont marqués: les costumes sont luisants, le flash franc et la mise au point précise y contribuent, les visages sérieux, les chevaux dociles et les décors impeccables.  Je sens un certain cynisme dans l'approche de Fréger, mais force m'est d'admettre que je me sens étranger à la pratique illustrée, et que, peut-être, j'y vois quelque chose de grotesque bien que traditionnel.  La série est une commande de la ville de Deauville: elle illustre la tradition, la réalité, l'identité de cette destination normande.

La deuxième série, celle qui porte sur la Fanfare de l'Île Wight, est tout aussi révélatrice d'un folklore protocolaire revêtant des habits traditionnels.  Les portraits sont plus serrés.  Présentés en trois quarts, les personnages sont solennels, eux aussi, mais ils semble dé-personnifiés, alors que les jockeys peut-être plus jeunes, semblaient camoufler momentanément leur personnalité afin de présenter leur image publique.  Les musiciens me laissent sans voix, je me sens inconfortable et admiratif à la fois.  Dommage, aucune photo disponible dans Internet pour exemplifier cet étrange état dans lequel je me trouve...

L'oeuvre de Fréger est impressionnante et constante dans sa théorie, plusieurs publications sont disponibles.  Je retiens, entre autre, celle sur les patineuses artistiques, qui était disponible au Club 2010.  Voir la série Steps sur le site de l'artiste.

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Les jockeys & la Fanfare de l'Île Wight
Charles Fréger
pour Planche(s) contact
Le Club 2010 de Deauville
07.10.2010@30.11.2010