mardi 23 novembre 2010

La mère des morts

L’après-midi est aussi froid que si j’étais à Montréal. Je ne suis pas déçu, seulement un peu surpris. Comme la soirée s’annonce assez chargée, je m’accorde du temps pour déambuler dans le marais. Et comme j’ai déjà relevé l’adresse de la galerie Thierry Marlat, pourquoi ne pas m’y arrêter? L’espace est joli, sobre, illuminé malgré le ciel gris.

L’on m’accueille sans grande cérémonie, monsieur travaille à son bureau. Tant mieux. La série d’images de Patrick Swirc est disposée dans l’entièreté de la galerie. Toutes les images sont au même niveau, mais la configuration de l’espace fait que quelques interruptions séparent les images qui sont parfois groupée par deux ou trois. Je ne suis pas familier avec le travail de Swirc. Vierge de préjugés donc, je parcours la galerie une première fois, puis une seconde. Quelque chose me touche dans ces images qui ont une allure un peu commerciale dans le choix des lumières, diffuses, softboxée mais pas hallucinantes. Le charme des mises en scènes me rejoint. La série La mère des morts puise son inspiration dans la théorie historique de la vie et la mort, la naissance et la souffrance, le rôle de la femme de l’érotisme et finalement du corps. Le photographe introduit sa série avec un texte où figurent des concepts littéraires empruntés à Hans Baldung Grien ou Baudelaire, ce qui contextualise le travail mais lasse place à l’interprétation personnelle.

Corps dans les herbes




Le double lit
Des corps de femmes, parfois nus, parfois masquées, posent dans une dynamique théâtre très lente. La série, composée de vingt-quatre images, est irrégulière dans ses mascarades : certaines images comme Corps dans herbes, ou encore Le Double Lit, sont très romantiques, très douces. Le corps inanimé mais tellement jeune des femmes représentées par l’artiste suggère l’au-delà évoqué par l’intention décrite de la série. Mais d’autre images, comme le Squelette, sont, à mon sens, moins efficace dans leur tentative de subtilité : plus directes, plus lourdes de signification directement citées de la peinture flamande, moins fines peut être.

Après quelques recherches, je découvre le travail commercial de l’artiste : tout s’explique. Photographe de mode –entre autres choses -, les séries de Swirc sont très soucieuses de la perfection du corps tout en préservant l’unicité de ses sujets. Cette pratique explique peut-être ce que j’ai ressenti être la valeur commerciale du travail effectué dans La mère des morts. Je tiens à spécifier que ça n’est pas ce qui me marque le plus du travail du photographe, seulement, j’y suis sensible quand on présente un travail de fine art qui s’avère fortement teinté d’automatisme commerciaux.

Les tirages sont riches, la recherche de l’ambiance générale de la série est peut-être accidentelle, peut-être fortement soutenue : quoi qu’il en soit, La mère des morts est série cohérente, formellement résolue, est certainement touchante.

Je retournerai voir l’exposition avant qu’elle ne soit démontée.


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La mère des morts
Patrick SWIRC
Galerie Thierry Marlat
14.11.2010 au 14.12.2010